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Analyse des « Réunions de quartier » annuels ou comment évincer la démocratie !

Il est des villes où l’organisation et le déroulé des réunions de quartier provoquent chez les citoyen-nes des questions plus personnelles, liées aux intérêts de quelques-uns plutôt qu’à la préoccupation du bien commun, voir même de l’intérêt général. Pourquoi ?

Les réflexions, propositions, décisions réellement collectives pour mieux vivre ensemble ne sont simplement pas mises en œuvre par ces municipalités car elles permettraient la création de la démocratie active limitant la gouvernance d’une minorité (politiciens et financiers pour faire court).

On nomme, enfin aujourd’hui, cette forme politique : une oligarchie. Pour mieux comprendre, trois grandes formes de gouvernance peuvent inclure les autres : la monarchie (mono = un seul), l’oligarchie (oligo = une minorité) et la démocratie (dèmos = gens du peuple – le dèm étant une assemblée locale de citoyen-nes). Dans chacun de ces trois groupes plusieurs formes de pouvoir sont possibles, voir cohabitent.

Le pouvoir en place donne l’illusion via des « réunions de quartier » d’une concertation. Il prend à Montrouge 1 fois par an pendant 2h le pouls d’environ 0,5% des habitant-es… comme un consultant très pressé.

Ce pouvoir expose alors des réponses à quelques questions actuelles ou de l’année précédente, évoque brièvement quelques incapacités visibles, récurrentes, et demande à chacun-e d’y palier en proposant éventuellement des solutions… mais sans donner les moyens de cette réflexion collective ou individuelle. Sans souvent aussi étudier réellement les quelques propositions émises. Une forme de découragement est immédiatement perceptible chez les nouvelles et nouveaux participants. Ils et elles ne reviendront pas l’année prochaine !

Une municipalité peut même facilement abuser de cette forme de réunion sur un sujet précis, en provoquant par exemple un vote rapide à main levée (0,5 % environ du quartier consulté) sans réflexion approfondie alors que l’ambiance semble favorable.

  • Exemple ce 24 septembre 2014, « réunion de quartier du Vieux Montrouge » : le maire provoque ce vote à main levée concernant la suppression des deux marchés Théophile Gautier alors que des présent-es se plaignent des saletés causées lors de ces deux journées. Il obtient une majorité qui semble visuellement importante pour cette suppression. En réalité sur 60 personnes environ, +/- 15 sont pour et +/- 3 contre, quand les autres s’abstiennent. Et qu’en serait-il si nous interrogions les utilisateurs et utilisatrices de ce marché ? Logiquement un vote inverse ! Pourtant le maire évoquera à loisir la décision « démocratique » sur ce sujet… Comme sur d’autres par le passé. (15 personnes soit +/- 0,1%, parmi 0,5% de la population du quartier, rappelons-le tout de même).

Concernant les pétitions (organisées par des habitant-es) le maire dit les rejeter systématiquement car suite aux rappels individuels effectués une fois par le passé, ses services auraient constaté que les personnes n’avaient pas bien compris le sujet, ou simplement n’étaient pas concernées.

Le rôle des réunions de quartier est réduit à Montrouge à celui d’un bureau d’enregistrement des problèmes alors que les rendez-vous avec le maire ou les services municipaux sont déjà censés le faire. Il ne s’agit en aucun cas d’une concertation.

Quelle mise en scène permet aux politiques d’éviter l’implication des citoyen-nes tout en gardant une image d’ouverture ? Analyse rapide des deux premières réunions de la rentrée à Montrouge :

  1. la première clef est de garder la forme la plus connue des réunions : hiérarchique et scolaire. Le maire debout durant toute la séance (professionnel de la prise de parole en public) domine l’assistance au centre des élu-es de sa majorité et des fonctionnaires à son service. Il répond toujours en premier, s’appuyant ou se défaussant parfois sur ses collaborateurs et collaboratrices, face à un public assis devant lui… en rang.   D’autres formes sont bien plus productives d’échanges constructifs et d’intelligence collective : découvrir les méthodes modernes telles les word-cafés, forum ouvert, ou mieux connues parfois des salariés, les brainstorming.
  2. le micro tendu au public est tenu  par un employé pour éviter dit-on les controverses trop véhémentes de certain-es ayant dans le passé retenu ce micro !
  3. les questions, une à la fois et deux au maximum par personne durant cette réunion annuelle, sont limitées aux habitant-es du quartier (exceptions possibles) après avoir décliner leur nom et adresse.
  4. lors de la deuxième réunion de quartier un citoyen actif (bénévole non encarté dans un parti et au fait de certains dossiers et de la rhétorique spécifique des politiciens), un citoyen fréquentant ce quartier est facilement repéré ! Le maire limite son intervention à une seule question à poser en toute fin de séance ! En plus d’un changement de forme pour les conseils de quartier, un Conseil de ville citoyen permettrait de réfléchir à la politique plus globale de la commune, de discuter et proposer des solutions pour une ville souvent fréquentée dans son ensemble par ses habitant-es.
  5. le maire évoque à plusieurs reprises, quand la politique locale ne fournit pas de réponse aux problèmes posés, l’incivisme de certain-es citoyen-nes, on évoque aussi la responsabilité du gouvernement (selon la tendance du moment), ou encore le manque de sévérité dans la répression. Ne devrait-on pas se préoccuper localement de la prévention, de l’information, de la sensibilisation ? Un exemple : deux éducateurs de rue seulement pour tout Montrouge, payés par le département, pas d’agents municipaux de proximité, de médiateurs,… L’investissement local pour ce sujet se porte sur les caméras (+5 prévues) !
  6. enfin peut-être… la fréquence de ces réunions. Rappelons-le : deux heures, une fois par an et par quartier pour Montrouge.

Alors que faire ? La réponse est dans la question ! FAIRE ! Quelques pistes :

  • ne pas déserter le champ des possibles même quand cela nous semble inutile : par exemple venir à ces réunions, aux Conseils municipaux publics,
  • communiquer, diffuser autour de soi des éléments alternatifs de réflexions (voir nos vidéos par exemple); les possibles rencontres ou mobilisations,
  • consacrer une petite part de son temps à l’implication citoyenne locale (voir ici quelques réflexions).

Et pour la mairie, si les élu-es ne trouvent pas ici quelques propositions à mettre en œuvre, que dire… Appliquer peut-être plus scrupuleusement à leur tour la loi :

malgré le fait que ce soient des élu-es qui ont voté la loi du 27 février 2002 (peu contraignante par voie de conséquence), cette loi stipule l’intérêt d’une « démocratie de proximité », on y trouve quelques pistes pour réveiller l’intérêt citoyen à l’animation et à la démocratie dans leur quartier. Par exemple :

  • une « dotation d’animation locale finance notamment les dépenses liées à l’information des habitants de l’arrondissement, à la démocratie et à la vie locale«  (« dépenses obligatoires pour la commune ») Article L2511-38 du code général des collectivités territoriales.
  • « Les conseils de quartier peuvent être consultés par le maire et peuvent lui faire des propositions sur toute question concernant le quartier ou la ville. » Loi n° 2002-276
  • « Le maire peut les associer à l’élaboration, à la mise en œuvre et à l’évaluation des actions intéressant le quartier, en particulier celles menées au titre de la politique de la ville. » Loi n° 2002-276
  • « Le conseil municipal peut affecter aux conseils de quartier un local et leur allouer chaque année des crédits pour leur fonctionnement. »
  • « Les communes dont la population est comprise entre 20 000 et 79 999 habitants peuvent appliquer les présentes dispositions. Dans ce cas, les articles L. 2122-2-1 et L. 2122-18-1 s’appliquent ».

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